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Il recommençait ses fouilles inutiles, bouleversait le contenu des bagages.

Au plus fort de ce… travail, il bondit brusquement sur ses pieds.

Un cri avait retenti derrière lui :

— Ciel ! Un voleur.

Il fit face à la personne qui le surprenait ainsi, sans qu’il l’eût entendue venir, et reconnut Véronique Hardy, du moins la personne qu’il décorait de ce nom.

La camériste d’emprunt courait déjà vers la porte, afin d’appeler du secours. Si elle atteignait le corridor, l’agent serait brûlé comme on dit aux renseignements. Sa filature se trouverait terminée, et tout ce qu’il avait appris, adroitement, il se rendait cette justice, bénéficierait à un successeur que le « Service » désignerait incontinent.

La pensée le galvanisa. En deux bonds, il rejoignit Véronique, l’empoigna, la jeta sur un fauteuil, en grondant les dents serrées, jetant l’épouvante dans l’âme timide du doux Pierre :

— Si tu te tais, tu n’as rien à craindre ; mais au moindre appel, tu es morte, ma fille.

Et comme son… interlocutrice demeurait immobile, terrifiée par l’aventure, Midoulet, reconquérant son sang-froid, se déclara in petto :

— Une domestique a toujours quelque chose à cacher. En la traitant en coupable, on ne risque pas de se tromper.

Puis à haute voix, grave autant qu’un juge :

— Je sais tout, ma belle, dit-il ; si tu n’obéis pas, tant pis pour toi.

Je sais tout ! Ces trois mots pétrifièrent la fausse Véronique. Pour elle, ils signifiaient fausse monnaie, assassinat, travaux forcés, échafaud.

Aussi Midoulet, parfaitement ignorant de ces choses, car il avait simplement parlé, en visant la grivèlerie, ce vol qui sévit sur les gens de maison, fut-il surpris de l’effet produit.

La fille de chambre était devenue livide, ses dents claquaient, et ses yeux exprimaient l’angoisse.