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Tout à coup, un kawas parut, lancé à toute course, et d’une voix essoufflée :

— Le seigneur Midoulet est-il ici ?

— Midoulet ? Présent !… riposta l’agent se dressant sur ses pieds.

— Alors, seigneur, un messager, du consulat de France vous demande.

— Ne pourrait-il venir me trouver ? hasarda Célestin, partagé entre la pensée que la venue d’un messager devait présager une nouvelle importante et le désir de ne pas quitter l’aérobus.

Le kawas mit les mains sur son cœur.

— Le seigneur pense bien que je ne l’aurais point dérangé ; seulement le courrier est à cheval. Il ne saurait ni entrer à travers les appartements, ni abandonner sa monture au dehors. Et depuis que Sa Hautesse M. le consul a supprimé ses chevaux pour les remplacer par une voiture automobile, le personnel ne compte plus de palefreniers, mais seulement des mécaniciens.

— Quel rapport ?

— Le rapport le plus direct, seigneur. Un palefrenier eût pu tenir en main le cheval du messager ; un mécanicien ne saurait y consentir.

L’infinie division du travail qui, dans toute l’Asie, nécessite la présence de dix serviteurs alors qu’un seul suffirait à la tâche, se révélait dans cette réplique.

Il fallait aller chercher la lettre qui, décidément, ne viendrait pas à son destinataire. Du reste, le comte Piffenberg leva les dernières hésitations de l’agent en promettant avec la plus parfaite bonne grâce :

— Allez, allez, monsieur. L’on vous attendra pour commencer.

S’incliner, sauter à terre et se mettre en marche d’un pas accéléré à côté du kawas fut l’affaire d’un instant. La succession de gestes démontrait mieux que des paroles que Célestin réduirait au strict minimum l’attente de ses compagnons d’ascension.

Le terrain de golf, le parc boisé, les bâtiments du consulat furent traversés ; sous le vestibule dallé de mosaïque, un cavalier se découpait, encadré par le portail. Le désignant, le guide de Célestin murmura :

— Le messager annoncé.