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— Ah çà ! ce père fouettard vient chez nous.

— Chez nous, à quel propos ?

— Je n’en sais rien. Mais voyez-le, avec sa bande de bâtonnistes, il se dirige tout droit vers notre pavillon.

La Parisienne avait raison. Le cortège traversait la cour suivant une diagonale qui, du portail, aboutissait mathématiquement à leur logis.

— Que nous veulent ces gens ? murmura Midoulet, aussi intrigué que ses compagnons par la bizarre procession.

Et Emmie, ne pouvant résister au désir d’une plaisanterie, répliqua :

— Je devine, moi, la qualité du monsieur.

L’agent se laissa prendre, comme toujours.

— Qu’est-ce que c’est, mademoiselle Emmie ?

— Un avocat.

Tous considérèrent la fillette d’un air interrogateur.

— Mais oui, continua-t-elle, imperturbable. Nos démêlés avec le prince Ahmed se sont ébruités, et ce membre du barreau veut plaider pour nous.

Très gravement, Midoulet consentit :

— Cela est possible… Mais pas évident.

— Que vous faut-il donc pour proclamer l’évidence ?

— Je voudrais savoir ce qui vous fait affirmer avec autant d’assurance…

— Mais ce qui devrait vous éclairer comme moi, monsieur Midoulet, les porte-bâtons qui précèdent ce monsieur.

— Les porte-bâtons, cela signifie que le personnage est avocat ? bégaya l’espion, positivement ahuri.

— Eh oui… Et même un avocat célèbre.

— Célèbre ?

— Ses serviteurs sont chargés de ses insignes. C’est un bâtonnier de l’ordre des avocats.

Un éclat de rire ponctua la facétie. Sauf l’agent qui ronchonna : « Satanée gamine ! », tous firent chorus.

Cependant, ceux qui avaient mis en mouvement la verve de la petite Parisienne avaient pénétré dans le pavillon.

Une minute plus tard, Frantz, laissant son escorte