qué qu’il plaisait au fonctionnaire) elle jeta négligemment :
— Ils ne sont pas dignes…
— Pas dignes ?
— Non, celui qui déjouera le complot rendra grand service à l’Europe.
— D’accord.
— Donc, il obtiendra présents, honneurs, influence. Toutes ces choses sont contenues dans le secret que je t’ai confié, seigneur. Si j’ai tenu à le remettre entre tes mains, c’est parce que tous mes concitoyens te proclament le meilleur ami de la Perse. J’ai voulu donner les avantages à un ami.
Le moyen de n’être pas touché par une explication aussi ingénue.
La face du consul s’illumina, se mut de contractions béates qui communiquèrent un sautillement joyeux à ses favoris.
— Suave, murmura-t-il, suave. La récompense de mes hautes capacités. Suave, très délicat. Ah ! je voudrais que mon vénéré souverain entendit cela. Il verrait quel serviteur Sa Grandeur a en ma personne.
Puis sans s’apercevoir qu’il faisait bon marché de sa dignité consulaire, en sollicitant un conseil de la jolie servante du caravansérail, il demanda :
— Enfin, mademoiselle Tabriz, qu’espères-tu que je fasse ?
Elle se récria modestement :
— Oh ! tu as certainement une idée, noble seigneur. Oui, tu l’as, je le vois dans tes yeux au regard éblouissant de génie.
Éblouissant ! génie ! La plupart des humains descendent non du singe comme le prétendent de faux savants, mais bien du dindon, ainsi que le démontre leur tendance à adorer tout ce qui les incite à faire la roue.
Le comte Piffenberg prit une pose avantageuse, et, véritablement cordial, oubliant dans l’extase de sa vanité délicieusement chatouillée, la distance sociale le séparant de sa mignonne interlocutrice :
— Oh ! oh ! lire dans les yeux d’un diplomate, c’est une prétention bien grande. Aussi je te prends au mot, mademoiselle Tabriz ! dis-moi ce que tu lis.
La Persane se détourna un instant, échangea un