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— Certainement, Marcel ne me croit ni bête, ni méchante. Il a raison… Voyons, vous vous êtes figuré que je voulais votre trépas ! Oh ! j’ai grande envie de ne pas vous pardonner. Sika, surtout, est coupable. Elle devrait pourtant bien savoir que je lui suis amie… comme une sœur.

D’un saut, la capricieuse gamine atteignit la blonde Japonaise, l’enlaça, effaça d’un baiser la rougeur amenée par sa mercuriale, puis, preste comme une petite souris, elle se rua vers l’escabeau, sur lequel s’apercevait le papier fort dont elle avait extrait le pantalon confié à Midoulet un instant plus tôt.

Elle tournait le dos à ses compagnons, qui se demandaient à quelle manœuvre nouvelle elle s’allait livrer. Et tout d’une pièce, elle leur fit face, présentant au bout de ses bras tendus un objet dont la couleur les fit sursauter.

L’objet était de drap gris fer.

Seulement, s’il rappelait ainsi le message du mikado, sa forme l’en différenciait absolument. C’était un pantalon sans jambes… On eût cru voir un simple caleçon de bains.

De telle sorte que le général murmura :

— Qu’est-ce que cela, par Bouddha ?

— Ceci, mon général, riposta Emmie toujours joyeuse, ceci est le véritable pantalon de M. le Mikado.

— Diable ! Il n’a pas grandi en voyage, s’exclama Tibérade faisant allusion à l’absence des jambes.

— Nécessités de la défense, riposta gravement la fillette.

Puis, vite, pressant son débit :

— Ne m’interrompez pas, sans cela nous n’en sortirons jamais. Je vous explique. Quand j’ai eu filé avec le pantalon, j’ai pensé : « Le nommé Midoulet est un finaud. Malgré toutes les précautions, il est capable de rejoindre mes amis. Et alors, le jour où je me réunirai à eux, il voudra à toute force que, selon ma promesse, je lui remette l’embarrassant message impérial. Or, il l’a vu. Il connaît son apparence. Pas moyen de l’induire en erreur sur la nature de la marchandise. C’était terrible, n’est-ce pas ?

— Alors ?

— Alors il s’agissait de trouver un moyen de lui