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— Il en sera comme j’ai décidé, reprit la fillette. M. Midoulet examinera le vêtement tout à son aise. Après quoi, il le rendra honnêtement à M. le général.

— Je m’y oppose, rugit ce dernier d’une voix éclatante, tandis que l’agent meuglait furieusement :

— Moi, j’accepte ! J’accepte.

Gentiment, Emmie se tourna vers Uko.

— Je vous en prie, général ; voyons, vous êtes persuadé, comme nous tous, que l’ajustement dont nous sommes embarrassés ne contient aucun document. Permettez à M. Midoulet d’arriver à la même conviction. Nous perdrons ainsi un adversaire redoutable et nous gagnerons un ami.

Qu’y avait-il dans l’accent de la pétulante créature qui impressionna ses auditeurs ? Mystère ! Toujours est-il que le général ne protesta plus et qu’elle tendit le pantalon gris fer à l’agent du service des Renseignements.

Celui-ci eut un véritable rugissement de joie. Il brandit triomphalement le fétiche de drap, qui l’avait si follement fait courir de Paris à Bassorah, et exultant, extasié, épanoui, il clama :

— Enfin ! Je l’ai, cette fois. Je vais donc pouvoir me renseigner sur les projets du mikado, si toutefois ce monarque en a réellement.

Le doute, contenu dans ce dernier membre de phrase, décelait le trouble de l’agent, en présence du consentement tacite de l’ambassadeur extraordinaire.

Néanmoins, sa voix était haletante. On eût cru que, sous l’empire de l’émotion, le souffle lui faisait défaut.

— J’essaierai tous les réactifs, fit-il encore, tous. Il s’agit de faire jaillir la lumière de ce morceau de drap, de le transformer en phare politique…

Je serai le traducteur du phare. Et avec un geste lyrique, abandonnant la table, il se précipita au dehors et gagna sa chambre particulière.

Tibérade, Sika, le général s’entre-regardèrent, comme s’ils se demandaient ce que signifiait l’incident.

Sur leurs visages se lisait l’étonnement. Ils ne s’expliquaient évidemment pas ce qui venait de se produire sous leurs yeux, avec leur agrément.