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Ils la portent presque, à présent lui faisant traverser les larges galeries, les salles spacieuses, où les esclaves, les bras et les jambes surchargés d’anneaux précieux, se tiennent paresseusement étendues sur des coussins amoncelés, trompant leur oisiveté sans fin en croquant des friandises, tandis que d’autres grattent mélancoliquement les cordes des mandolines ou frappent les derboukas sonores.

Au passage de la prisonnière, quelques-unes se redressent languissamment, prononcent des mots dont Sika ne comprend pas le sens, mais qui font pénétrer en elle l’impression qu’ils contiennent une critique maligne.

Les Beloutches allaient toujours. Ils marquèrent an arrêt auprès d’un escalier s’enfonçant dans le sous-sol.

La spire de pierre semblait plonger dans un gouffre d’ombre.

Instinctivement Sika recula, le cœur étreint d’une angoisse plus vive. Où la menait-on ? Question vaine. Ses guides ne lui permirent pas la réflexion. Ils la tirèrent après eux sur les degrés, ses pieds se posant à peine sur le sol. Les geôliers farouches portaient ainsi qu’une plume leur tremblante victime.

L’escalier aboutissait à de vastes caves dallées, aux voûtes soutenues de distance en distance par des piliers de granit trapus, que réunissaient les courbes basses des arceaux de plein cintre. Cela tenait à la fois de la crypte ecclésiale et des sous-sols d’une forteresse.

Les gardiens ne s’arrêtèrent pas, mais leur étreinte se fit plus rude. Ils traînaient la captive en arrivant au bout de la course. Ils contraignirent Sika à s’arrêter en face du rectangle d’une porte bardée de fer, laquelle se découpait dans la muraille, y creusant une niche obscure et profonde de plus d’un mètre.

Il semblait qu’on ne pût aller plus loin.

Le couloir finissait en cul-de-sac.

Mais l’un des Beloutches cessa de maintenir la jeune fille. Il fouilla dans sa ceinture de soie, et en tira une lourde clef de cuivre qu’il introduisit dans une serrure invisible dans l’obscurité du lieu. La porte s’ouvrit sur un puits carré, profond de six à