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des panneaux de la vaste armoire de chêne, cachant une des murailles, tourna lentement sur ses gonds, démasquant un homme. Celui qui se montrait ainsi, regarda autour de lui, puis prit pied sur le tapis. De haute taille, le visage anguleux, complètement rasé à l’américaine et troué par de petits yeux bleu faïence aux regards mobiles, l’homme eût été certainement reconnu par le personnel du Mirific-Hôtel, comme le client du second étage, répondant au nom de Midoulet.

Celui-ci plaisanta :

M. le secrétaire est charmant ! Il me laisse le champ libre. Profitons-en… Ah ! petit Japon ! Tu seras donc toujours gourmand ! Attends un peu : entre la coupe et les lèvres se dresse Midoulet, Célestin Midoulet, du service des Renseignements, de la République française.

Tiens, tiens, il prononçait Midoulet. Son nom du Mirific n’était donc pas un déguisement. Il continuait cependant :

— Ah ! on prétend jouer la diplomatie avec un pantalon, façon originale d’indiquer qu’on la traite par-dessous la jambe ! Eh bien, Midoulet se met de la partie. J’y perdrai mon nom, ou, avant peu, le Japon sera sans culotte.

Très gai, en homme qui savoure le sel de ses plaisanteries, Midoulet, puisque lui-même se donnait ce nom, referma soigneusement le panneau de l’armoire, ouvrit à l’aide d’un rossignol les tiroirs du bureau de M. le conseiller Arakiri, prit connaissance des papiers qu’ils renfermaient, traça quelques notes rapides sur un carnet et remettant toutes choses en ordre, effaçant toute trace de son passage, il grommela entre ses dents :

— Ce conseiller a dit la vérité. Pas d’autres instructions que celles dont il a réjoui les oreilles du général Uko. Bah ! celui-ci ne doit quitter Paris que sous quatre jours. Quatre jours, c’est-à-dire quatre fois quatorze cent quarante minutes. Une seule suffit pour enlever le pantalon mystérieux. Donc, en route !

— À son tour, il quitta la salle, parcourut le couloir