Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/326

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Parfait, souligne le prince d’un ton satisfait ; à présent, en route et surtout pas un mot.

Il prend la main de sa compagne pour guider sa marche. Ainsi ils rentrent dans le palais. Ils parcourent de nouveau les cours, les couloirs, les salles que Sika a parcourus à son arrivée.

La traversée d’une dernière cour intérieure amène les fugitifs auprès d’une remise où est garée l’automobile. Sika reconnaît au volant l’homme qui avait tenu la direction sur la route de Beyrouth.

— La machine a son plein d’essence ? chuchota Ahmed.

— Oui, sahib.

— Tu as complété les provisions ?

— Pour trois jours pleins ; quatre, au besoin.

— En ce cas, partons, et en vitesse. Une fois hors du palais Mohamed, ne t’arrête sous aucun prétexte, sur aucune injonction. Si l’on prétendait te forcer à stopper, passe sur l’ennemi.

Le wattman eut un large sourire :

— Puisque le sahib le désire, on ne s’arrêtera pas.

Sika avait écouté l’étrange dialogue. Les paroles du prince lui démontraient que le danger était partout autour d’elle.

Mais le loisir de s’appesantir sur cette idée lui manqua. Ahmed lui fit prendre place, s’assit à côté d’elle et murmura :

— En avant !

Aussitôt le mécanicien actionna le levier de marche. L’automobile s’ébranla en ronronnant, franchit l’enceinte du palais, fila à travers les tentes du campement sans tenir compte des appels décelant la surprise de quelques montagnards ; puis, ayant gagné la piste des caravanes du désert, se lança à une allure folle dans la direction de l’est.

— Maintenant, s’écria Ahmed qui jusque-là avait gardé un silence prudent, les Druses peuvent brûler le palais tout à leur aise.

— S’ils s’apercevaient de ma disparition, murmura Sika avec l’accent de la reconnaissance, ils nous poursuivraient, n’est-ce pas ?

Le Persan eut un haussement dédaigneux des épaules :

— Inutilement ; à moins d’une panne, qui me sur-