Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/325

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle avait ressenti comme un choc.

Qu’était-ce donc ? Peu de chose… Mais qui dira ce que peu de chose peut devenir pour un captif. Un grincement léger avait résonné dans le jardin.

D’où provient-il ? La réponse à la question formulée se présente.

La silhouette d’un homme se découpe sur la fenêtre. Sika recule, porte une main à sa gorge comme pour étouffer le cri prêt à s’en échapper, puis elle se rapproche, s’agrippe désespérément aux barreaux.

Elle a reconnu l’apparition.

C’est le prince, le prince Ahmed ! D’un geste impérieux, il indique à la prisonnière que le mutisme s’impose. Elle se mord les lèvres pour arrêter les paroles qui montent de son cœur. Que va-t-il se passer ?

Mais que fait Ahmed en ce moment ?

Il a tiré une clef de son vêtement. Une clef, à quoi peut-elle servir ? Il faut regarder, puisque la parole est interdite.

Sika constate avec étonnement que le Persan introduit cette clef dans un petit trou foré sur le rebord même de la fenêtre. Elle perçoit un déclic métallique. Étrange ! Ahmed saisit à deux mains le bas de la grille, la soulève… Mais elle est machinée, elle tourne sur des charnières ainsi que le couvercle d’un coffre. L’obstacle n’existe plus, la route est libre, la prison n’est plus close sur la captive.

— Vite ! chuchote Ahmed d’une voix légère comme un souffle, venez. Il nous faut être loin à la fin de la sieste.

Sika ne se le fait pas dire deux fois. Elle ne doute plus du dévouement du jeune seigneur. Elle croit en lui.

Elle tend ses mains à son sauveur ; avec son aide, elle se hisse sur la fenêtre, saute dans le jardin. Sans perdre un instant, Ahmed referme la grille, et désignant à Sika un ballot qui gît sur le sol :

— Prenez ce haïk, murmure-t-il, vous serez méconnaissable.

Un haïk, c’est un manteau qui dissimule tout l’être qu’il recouvre.

La jeune fille s’enveloppe aussitôt de l’étoffe sous laquelle nul ne devinerait désormais la fugitive.