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garder autour d’elle et elle profita aussitôt de la permission.

Ses grands yeux semblèrent s’élargir pour fouiller la nuit, à laquelle le ciel d’un indigo profond, où les gemmes précieuses des étoiles dessinaient leurs arabesques scintillantes, faisait un diadème. C’était la couronne que l’infinie création met au front des planètes, filles fidèles des Soleils qu’elles accompagnent, éternelles errantes, à travers les immensités sans limites de l’espace.

Elle regardait, et ce qu’elle voyait ne lui apprenait rien. Arbres, buissons, bosquets, massifs rocheux, champs en friche lui apparaissaient pour la première fois.

Ah ! son geôlier n’avait pas été imprudent en lui accordant la licence d’observer.

D’une chose seulement il lui était loisible de s’assurer.

Elle se trouvait dans une automobile puissante, se déplaçant vertigineusement à travers la campagne obscure, dont les reliefs, les plantations se montraient une seconde dans le halo lumineux projeté par les phares et s’enfonçaient de nouveau dans les ténèbres.

Alors, son regard se reporta sur le véhicule lui-même.

À côté d’elle, un homme se tenait assis, un objet brillant étincelant dans sa main. Elle remarqua que l’objet était la lame d’un stylet. Un second personnage, installé sur la banquette d’avant, tenait le volant. Tous deux dissimulaient leurs traits sous des masques de soie noire. On eût dit que la captive était prisonnière de démons.

Sa peur en augmenta. Une idée folle s’implanta dans son crâne ! En finir de suite, chercher une mort brève en se précipitant vers le sol. Vraisemblablement son voisin devina sa pensée, car il leva la main armée du poignard, et la pointe acérée menaçant la poitrine de la jeune fille :

— L’obéissance, la soumission conduiront la fille aux cheveux d’or dans un palais, où des esclaves nombreux s’empresseront à la satisfaire en tous ses désirs. Sa rébellion serait punie par cette lame d’acier.