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nements survenus depuis leur séparation. De nouveau, il était au service de mistress Honeymoon, avec licence de s’habiller en gentleman. Et sans consentir à s’expliquer, la mignonne lady avait ordonné au serviteur appelé par la sonnerie électrique :

— Marquez pour moi le réveil à cinq heures.

Si bien que Pierre s’étendit dans son lit, en répétant jusqu’à ce que le sommeil lui eût fermé hermétiquement la bouche en même temps que les yeux :

— Nous voyagerons ensemble. Le reste, comme elle dit, ce n’est point matière à attention.

Voici pourquoi Midoulet, entré à l’hôtel Ismaïl avec un seul compagnon, en sortit le lendemain matin avec deux, dont une compagne, ainsi qu’il l’exprima plaisamment.

Tous trois se rendirent à la gare, se munirent de tickets pour Alep et s’installèrent dans un wagon libre.

Le trajet fut charmant. Après une explication, où les deux concurrents s’avouèrent avoir employé l’un contre l’autre des artifices de bonne guerre, ils tombèrent d’accord que, durant le parcours d’Alep à Bassorah, ils agiraient en alliés. Toute manifestation de rivalité n’eût servi qu’à retarder leur marche et à augmenter les chances qu’avaient leurs adversaires de les distancer.

Le pacte, au moins dans sa seconde partie, montre qu’ils ignoraient à ce moment que leur groupe précédait Marcel Tibérade et Uko, lesquels ne devaient toucher Beyrouth que le soir de cette journée, et prendre le chemin d’Alep-Euphrate-Bassorah que le lendemain seulement.

L’enquête menée rapidement à Alep, dans le monde des âniers, loueurs de montures pour la course Alep-Euphrate, les convainquit que, précédés par Emmie, ils seraient suivis par le général et son fidèle Tibérade.

Tels sont les motifs qui les avaient amenés à proximité du débarcadère de Bassorah et leur donnaient la bonne fortune d’assister à l’arrivée des amis de Sika.

Donc, Midoulet se jeta dans les traces de ceux-ci. Lydia et Pierre tirèrent de leur côté. Toutefois, si chacun des agents avait pu entendre l’autre à ce mo-