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Des jarres d’eau se trouvaient dans la tente. Les deux hommes procédèrent à leurs ablutions, rajustèrent leurs perruques, leurs chapeaux féminins ; car dans la hâte de l’expédition au ravin d’El Gargarah, ils n’avaient pu emporter de costumes de rechange, et, bon gré, mal gré, il leur fallait continuer à jouer les rôles de mistress Robinson et de Véronique Hardy.

En tenue correcte, ils sortirent enfin du logis de toile. Quatre guerriers armés de moukhalas (fusils) incrustés d’argent, encadraient la tente. Ils saluèrent les pseudo-voyageuses d’un salut amical. Au fond, ces braves Bédouins étaient enchantés de ce que, le soleil étant déjà haut sur l’horizon, leur consigne, relative seulement à la période nocturne, ne les obligeait pas à barrer le passage aux promeneurs.

Dans ces heureuses dispositions, ils répondirent volontiers aux questions de Midoulet.

— La jeune fille qui nous accompagne est encore auprès du « talisman de Mahomet » ?

L’Arabe interpellé secoua gravement la tête :

— Non, non, noble dame.

— Alors où se tient-elle ?

— Cela, je l’ignore. Seuls les génies ailés, sillonnant l’air durant l’obscurité, peuvent le savoir.

Et l’agent, marquant sa surprise de la réponse inintelligible pour lui, le guerrier s’empressa d’expliquer :

— Pour vous faire honneur, le cheik nous a placés en faction autour de votre repos, vers minuit.

— Eh bien ?

— À ce moment même, celle dont vous parlez a quitté le camp…

— Quitté le camp ! rugit l’agent avec un bond exprimant son désappointement.

— Oui, noble dame. Ordre du Prophète.

— Le Prophète… à présent !… Comment a-t-il donné cet ordre ?

L’Arabe se tourna vers le sud-est, direction de la cité sainte de La Mecque, et avec l’assurance du croyant qui énonce une vérité incontestable :

— Par l’intermédiaire d’une houri, il a commandé que la sainte jeune fille prenne le « talisman », qu’elle