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dant Midoulet, qu’elle avait démasqué, alors qu’eux-mêmes n’éprouvaient aucune défiance de la fausse mistress Robinson. Donc, l’on était, grâce à la jeune fille, assuré de parcourir avec calme la dernière partie du voyage.

Le train les emporta loin de Beyrouth. À Alep, des mulets commandés à leur intention, deux jours plus tôt, par une jeune fille qu’à son signalement ils reconnurent sans peine pour Emmie, les attendaient. Les patientes bêtes les portèrent sans accident à Bilissia, petit port fluvial sur la rive droite de l’Euphrate. À leur apparition sur le quai, un marinier interpella les voyageurs, leur offrant un bon kellek pour naviguer sur le fleuve, aussi longtemps qu’ils le souhaiteraient.

Et comme ils témoignaient franchement combien la proposition les intéressait, l’affréteur parut se décider. Il murmura, questionneur et familier :

— Les seigneurs viennent de Beyrouth sans doute… Jolie ville, trop de Druses dans le voisinage, par exemple.

— Vous êtes curieux, l’ami, commençait Marcel, un peu agacé par l’indiscrétion de l’homme.

Mais son interlocuteur reprit très vite :

— Pas curieux, non. Yalmidar ignore la curiosité bonne tout au plus pour les femmes ; mais il doit transmettre un message à des voyageurs en provenance de Beyrouth, et pour les reconnaître…

— Il questionne. C’est différent. Et je réponds oui, nous arrivons de cette ville.

— Bien… Êtes-vous les amis d’une jeune fille qui s’est embarquée avant-hier ?

— Peut-être.

— Elle m’a confié un écrit pour un seigneur… seigneur ?…

Il paraissait attendre que ses interlocuteurs prononçassent un nom.

— Le seigneur Tibérade, s’écria Marcel en riant.

L’homme eut un geste joyeux.

— C’est cela même ! Voici le papier.

La lettre émanait bien d’Emmie ; mais pas plus que la précédente, elle ne contenait l’explication de la conduite bizarre de la jeune Parisienne. Elle invitait seulement son cousin et le général Uko à faire dili-