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— Mais enfin, qu’est ce paquet ?

— Un pantalon !

— Un… tu dis ?.… Un pan… Ah ! Ah !…

— Chut ! Sika ! Ne ris pas. Ce pantalon, ce vêtement grotesque, représente, paraît-il, la suprématie du Japon sur l’océan Indien et sur le Pacifique.

Sika rit plus fort :

— Voyons, papa ! Tu te moques…

— Pas le moins du monde.

— Pourtant ?…

— Ordre du mikado.

Elle le regarda, incrédule encore ; mais elle le vit si grave, que le rire s’effaça de ses lèvres.

Et devenue très sérieuse à ton tour, elle quitta la légation de Corée, au bras du général lequel lui contait à voix basse l’étrange ambassade dont il venait d’assumer la charge.

Comme ils traversaient le trottoir pour remonter dans l’automobile, qui les attendait, un passant s’arrêta net, à trois pas d’eux, avec cette exclamation :

— Oh ! l’imprévu dans la beauté !

C’était un jeune homme, de taille moyenne, la physionomie ouverte, intelligente, agréable plutôt que régulière.

Son costume, modeste, mais rigoureusement propre, attestait à la fois des finances voisinant avec la pauvreté et le sentiment vivace de la dignité de la tenue.

Il regardait Sika avec une admiration non dissimulée, ses yeux allant du charmant visage de la jeune fille à sa couronne de cheveux blonds.

En dépit de l’incorrection évidemment involontaire de cet examen, l’attitude de l’inconnu demeurait parfaitement respectueuse.

Un regard du général Uko le rappela sans doute à lui-même, car d’un geste machinal il leva son chapeau, s’inclina profondément et s’éloigna.

Tout en prenant place dans l’auto-taxi, Uko marmonnait :

— Ces Occidentaux sont inexplicables !… Quels barbares ! Et ils se targuent de leur civilisation !