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C’étaient des marchands, retour de Damas, formant une caravane comptant une centaine de mules et de chameaux pesamment chargés de marchandises.

Les négociants accueillirent les deux hommes avec la bonne grâce habituelle en ce pays, où l’hospitalité est considérée comme un devoir ; et, les voyageurs, s’étant enquis des moyens de gagner Bassorah, leurs hôtes répliquèrent sans hésiter :

— Vous ne sauriez vous y rendre par le désert.

— Il est donc bien difficile ?

— Extrêmement. Seuls, les Arabes, qui le parcourent sans cesse, peuvent s’y aventurer sans danger. Il n’existe aucune voie, nous ne dirons pas tracée mais seulement jalonnée. Les points d’eau, très rares, sont séparés par de longs intervalles desséchés. Aucun arbre n’anime ces solitudes. Et dix à douze jours au moins sont nécessaires pour la traversée à ceux-là même qui ont la pratique de ce pays désolé. En tout état de cause, il faudrait équiper une caravane. Deux hommes isolés seraient perdus. Ils iraient sûrement à la mort.

— Que faire, alors ? murmura Tibérade, démonté par ce tableau si peu encourageant.

— Retourner à Beyrouth, user de la voie ferrée jusqu’à Alep. De là, gagner l’Euphrate et vous embarquer pour Bassorah…

Le père de Sika et son compagnon firent la grimace.

— Bien long ce trajet !…

— Non. Pas plus que la voie désertique, et elle a l’avantage appréciable de ne présenter aucun obstacle sérieux.

Cette dernière remarque décida les cavaliers lancés à la poursuite du ravisseur de la blonde et charmante Japonaise.

Le jour venu, ils se joignirent à la caravane qui cheminait bien lentement au gré de leur impatience justifiée ; car ce fut seulement le surlendemain au soir qu’ils atteignirent la ville de Beyrouth. Là, il leur fallut perdre encore toute la nuit, et attendre rageusement au matin du troisième jour pour avoir la satisfaction de prendre place dans un train a destination d’Alep.