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neur supposée de la lettre en « écriture des houris » avait été propagée par tout le campement. Ali-ben-Ramsès n’eût pas voulu, pour un empire, garder le silence sur un « courrier » si honorable pour sa personne.

Et Emmie, réputée chère à Allah, à son prophète, jouissait certes d’une considération qui incitait Kalfar à soupçonner quelque chose de miraculeux dans ses gestes les plus innocents ; mais, au demeurant, rien ne la signalait à la défiance d’un bon musulman.

Il est vrai que la Parisienne se livrait à des évolutions compliquées qui, si elles se prolongeaient tout la nuit, rendraient sa faction horriblement fatigante.

Elle se prosternait en marmonnant des paroles incompréhensibles, que son compagnon n’hésita pas à qualifier d’incantations. Rien que ce mot cabalistique fait frémir.

Et bien plus, entre chaque agenouillement, la fillette effectuait deux ou trois pas rythmés. Évidemment ceci représentait le dernier cri de la chorégraphie des magiciennes.

Pas une minute, il ne songea que la jeune Parisienne dissimulait ainsi sa volonté de se rapprocher du « talisman », ainsi qu’il désignait le vêtement gris fer.

Elle y parvint cependant, et Kalfar n’eut aucun soupçon.

Elle toucha la lance servant de hampe au bizarre étendard.

Ses mains marquèrent des hésitations, où le guerrier pouvait diagnostiquer l’émotion sacrée au contact d’une relique ; ses paumes caressèrent doucement l’étoffe grise.

La lune versait du zénith sa lueur opaline sur la vallée, ajoutant au fantastique de la scène mimée par la petite cousine de Tibérade.

Soudain, elle eut un cri strident et se rejeta vivement en arrière.

Au bruit, Kalfar, le guerrier valeureux, que ni les ennemis, ni les fauves n’avaient fait trembler jusque-là, connut la peur blême et frissonnante. Il bondit, lui aussi, en arrière, imitant le mouvement de