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égaré sur une piste qu’il suivrait fatalement, Emmie s’était réservée toute facilité pour fausser compagnie à l’importun personnage.

D’un mouvement irréfléchi, Tibérade enleva la mignonne jusqu’à ses lèvres, et, dans un baiser fraternel, avec une sorte d’orgueil dans la voix :

— Ah ! petite souris, fit-il, tu es bien décidément la mignonne fée parisienne.

Elle le regarda, une larme perlant au bord de ses cils.

— Tu pleures, reprit-il avec le regret de l’avoir affligée, sans comprendre pourquoi il lui avait fait du chagrin.

Elle lui sourit gentiment :

— Oui, je pleure de joie, puisque mon papa Marcel, est content de sa petite adoptée.

Légère comme une elfe, elle sauta à terre et s’enfonça dans la nuit, courant vers les feux du campement.

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Kalfar-y-Alfar, chargé de la garde de l’étendard-vêtement, désormais dénommé par tous les Arabes, de par la volonté d’une petite Parisienne, le Pantalon du Prophète, était un guerrier renommé de la secte des Snouss. On l’avait désigné entre tous, à cause de la noblesse de son origine, pour veiller, en compagnie d’Emmie sur la précieuse manifestation de Mahomet le Grand, épée et flambeau d’Allah !

Donc, tandis que Tibérade et le général se lançaient au galop à la poursuite du ou des ravisseurs de Sika, que Midoulet et Pierre, démasqués par la petite Parisienne, s’étendaient sur leurs nattes, avec la volonté de goûter, sous la tente, les douceurs du repos, la fillette vint prendre son poste de faction. Elle était digne, austère d’allure, sans avoir cependant rien de particulièrement martial.

Néanmoins, tout aussitôt, Kalfar, tranquille jusque-là, ressentit un trouble inexplicable. Inexplicable, car on ne craint pas le voisinage des esprits, amis du ciel. Or, il le savait, la petite accomplissait une mission sainte en partageant sa veillée, une mission ordonnée par le Prophète lui-même. La te-