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même, je pense bien que je parle comme le Coran. J’ai appris cela tout a l’heure de ces braves guerriers.

Et à haute voix, sans que rien en sa personne décelât cette pensée ironique :

— Cette année, le cercueil de Mahomet n’est point monté jusqu’aux voûtes polychromes de la mosquée sainte entre toutes.

— C’est vrai ! fit encore le cheik.

— Alors, conclus, noble seigneur. Ne t’apparaît-il pas évident qu’un vêtement qui, en général, est privé de mouvement, et que l’on rencontre isolé, reposant dans le désert, est la manifestation annoncée… Il faut que le Prophète l’ait apporté, car il n’a pu venir par ses propres moyens.

Les compagnons d’Emmie frissonnèrent. L’Arabe ne croirait pas à la véracité de se conte funambulesque.

Ah ! ils ne connaissaient pas la crédulité des superstitieux nomades. Et puis, l’amour-propre plaidait en faveur de l’hypothèse de la gamine. Quelle gloire d’être celui auquel Mahomet consentait à se révéler. Aussi l’organe du cheik tremblait en prononçant :

— Quoi… ce serait ?…

— Un pantalon de Mahomet ! La preuve de son origine divine n’est-elle pas dans la présence du billet divin, rédigé dans le dialecte mystérieux des houris.

— Cela est-il certain ? murmura Ramsès, résistant pour la forme.

— Le savant Uko, amené par Allah à l’heure et à l’endroit où sa présence était nécessaire, va nous l’apprendre, si tu veux bien lui confier le billet.

En vérité, la rusée avait bien auguré de la superstition naïve du cheik Ramsès.

Celui-ci prit sur une table un coffret aux incrustations de cuivre, l’ouvrit et en sortit le papier dont le contenu intéressait si vivement les voyageurs.

Il le porta à ses lèvres, l’appliqua sur son cœur, puis le tendit à la fillette, avec une vénération si comique qu’en des circonstances moins troublantes, les assistants n’eussent pu se tenir de rire.

Mais à cette minute, un sourire même eût risqué de