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divine ? s’écria l’Arabe se dressant cette fois sur ses coussins.

— Lui-même. S’il t’agrée, il te traduira sans peine les signes incompréhensibles pour les autres mortels, que tu as reconnu comme ceux dont les houris du paradisiaque séjour se servent pour leur correspondance.

Dire que la fillette ne luttait pas contre une formidable envie de rire serait altérer la vérité. Toutefois, elle eut la force de dominer l’hilarité, et cependant l’attitude du cheik l’eût pleinement justifiée.

La dernière phrase de l’adroite Parisienne avait en quelque sorte galvanisé l’Arabe.

Il s’était dressé sur ses pieds, avait couru, oubliant le flegme de tout chef de l’islamisme qui se respecte, vers le panneau de toile qui masquait l’entrée de la tente, l’avait écarté, et apercevant Tibérade, le général, mistress Midoulet-Robinson, et Véronique, il s’exclama non sans une réelle majesté :

— Soyez les bienvenus en mon camp, seigneurs ; je vous convie à rompre la galette de mais et à partager le sel, en signe que vous êtes mes hôtes vénérés, à qui mon pouvoir et mon affection sont acquis.

Sur-le-champ s’accomplit la cérémonie rituelle de la réception de l’hôte chez les nomades.

Des serviteurs apportèrent la galette de maïs emblématique. Ramsès la divisa en parts égales, chacun devant en accepter une.

Puis, sur une planchette de bois, un petit monceau de sel fut présenté aux voyageurs qui, non sans faire la grimace, furent obligés d’en croquer leur part.

Et quand ce cérémonial fut accompli, le cheik modula, les yeux au ciel :

— Mes hôtes sont sacrés ; ma tête, mon cœur, mon yatagan leur appartiennent. Leurs amis seront mes amis, leurs ennemis seront mes ennemis ; eux seront mes frères.