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Lentement, comme s’il accomplissait un rite mystérieux, il aspirait la fumée d’un narghileh au long tuyau souple, traversant un vase de cristal, empli d’eau acidulée d’essence de rose, qui rafraîchissait et parfumait la fumée au passage. Son accueil démontra que, lors de sa première visite, la petite avait produit sur lui la meilleure impression.

— Que souhaites-tu, enfant aimée du Prophète ? prononça le cheik sans quitter sa pose abandonnée.

Avec une gravité protocolaire, Emmie s’inclina cérémonieusement ; d’un ton pénétré, elle modula :

— Je souhaite que ta pensée soit favorable à moi et à ceux qui m’attendent en dehors de la tente.

— Parle sans crainte. Tu es assurée de ma faveur.

— Je te rends grâces, noble seigneur, psalmodia la Parisienne, imprimant une intonation dévotieuse à ses paroles… Mes compagnons et moi sommes étrangers, sans parents, sans amis dans la région du Liban. Dans cette situation, je sollicite l’hospitalité de ta générosité.

Flatté dans sa vanité, le cheik daigna sourire.

— L’Arabe l’offre au voyageur, sans même qu’il la sollicite, jeune fille. Ta requête était donc exaucée par avance.

Et lançant un appel bref, qui fit apparaître aussitôt un serviteur empressé :

— Oïmar, ordonna-t-il à ce dernier, qu’une tente soit mise à la disposition des voyageurs qui accompagnent cette enfant. Que l’on veille à leur nourriture, et quand il leur plaira de quitter le campement, qu’on leur confie des chevaux frais, pour remplacer leurs montures fatiguées.

Croisant les mains sur sa poitrine, en signe de soumission, le serviteur se précipita au dehors, démontrant par sa hâte que l’obéissance à l’égard du cheik était habituelle.

Et doucement, comme éperdue de gratitude, Emmie se prit à susurrer :

— Cheik, tu es hospitalier plus largement encore que le Prophète ne l’a prescrit aux croyants. Sois-en remercié par sa servante. Au surplus, la récompense est toute proche.; Parmi ceux dont je suis le porte-parole, se trouve le général Uko.

— Le sage, dont le nom figure sur la missive