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gaieté vaillante se communiquait à ses auditeurs. Elle continua :

— Vous ne sauriez croire combien ces gens furent effarés à la vue de ce pauvre orphelin abandonné au milieu du désert ! Ils s’en approchèrent avec respect, se prosternèrent avant de se décider à le ramasser. En le tournant et retournant, ils découvrirent dans l’une des poches… un billet…

— Un billet… Que dit-il ? s’exclama Uko haletant.

— Ça, je ne le sais pas, général, attendu que, sauf la suscription figurée en signes arabes, le contenu est rédigé en caractères inconnus des guerriers, de leur chef et de votre servante.

— Des caractères japonais, peut-être, bégaya le général dont la voix tremblait.

Ce à quoi la fillette répondit placidement :

— Je serais tentée de croire, car, m’a-t-on dit, l’adresse arabe signifie : « Au général Uko, Ismaïl-Hôtel, à Beyrouth. Prière de porter sans retard, contre récompense. »

— C’est d’elle, c’est d’elle.

Le général, Tibérade disaient ces paroles avec une émotion profonde ; mais Emmie n’aimait pas, on l’a vu, s’attendrir sans nécessité, car elle poursuivit, coupant les mots de tendresse prêts à s’échapper de leurs lèvres :

— Le plus cocasse est que Ali-ben-Ramsès et ses guerriers, ne parvenant pas à déchiffrer les lettres japonaises, en ont conclu… Je vous le donne en mille ! Non, inutile de chercher, vous ne trouveriez jamais. Oyez, seigneurs, la merveille de la sottise humaine.

Et d’un ton de bateleur en récitation de boniment :

— Le vêtement, découvert au milieu du désert, est évidemment sorti des ateliers d’un tailleur divin. Par conséquent, le billet mystérieux, enclos dans une poche, doit être rédigé en langage paradisiaque… le langage des houris.

Elle riait de toute sa personne, amusée par les idées simplistes des nomades.

— J’ai sauté sur l’occasion que ces bonnes gens m’offraient, vous le pensez bien. Tout à fait sérieusement, je leur ai déclaré que le général Uko, de l’hôtel Ismaïl, est un savant doublé d’un sage ; qu’il traduit