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— Alors, d’après vous, elle serait sauvée du feu ?

— Moïse de la flamme, plaisanta la pseudo-mistress Robinson.

Le général la considéra avec étonnement. La gaieté, en une pareille occurrence, lui semblait évidemment déplacée. Mais Marcel expliquait au même instant :

— J’espère, oui, j’espère ; mais avant de m’abandonner à la douceur de la fin de nos angoisses, je voudrais interroger ces voyageurs inconnus ; si leurs réponses confirment notre supposition, nous poursuivrons notre route.

— Poursuivre, à quel propos ?

— Ne voulons-nous pas délivrer Mlle Sika ?

— Si.

— Alors. Il nous faudra nous rendre là où elle est en captivité.

— En abandonnant le vêtement du mikado ! Impossible, mon ami, vous le savez bien.

— Le général a raison, grommela Midoulet dans un sourire énigmatique. Vous savez bien que cela est impossible pour lui.

— Comment ? Votre fille vous appelle peut-être à son secours, et vous hésitez, gronda Marcel, sans tenir compte de l’observation de la fausse Anglaise.

Le Japonais, lui, eut un grand geste désolé et volontaire.

— Je n’hésite pas. Je n’ai pas le droit d’hésiter. Je resterai ici, quoi qu’il advienne. Avant d’être père, je suis sujet de S. M. l’empereur du Soleil-Levant. J’ai juré fidélité à mon souverain ; j’ai promis de remplir ma mission. Je dois cela avant tout. Il faut donc que je pense à mon devoir avant de songer à ma plus chère affection !

Noble était le sentiment du général. Marcel s’en rendit compte ; mais à cette heure, il sentait également que sa vie était indissolublement liée à celle de l’exquise et blonde Sika, et tout ce qui n’était pas la jeune fille lui apparaissait sans aucune importance.

Ainsi l’affection trouble les plus clairs regards, obscurcit les consciences les plus nettes.

Si bien que son état d’esprit se traduisit par ces mots, injustes pour l’officier qui se sacrifiait à sa patrie :