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— Le pantalon du mikado !

Car c’est lui, lui que l’on croyait enseveli avec Sika sous les décombres du palais Mohamed ; lui qui flotte glorieusement, promu, de par la volonté obscure des nomades, au grade d’étendard.

Les voyageurs demeuraient sur place, dans une immobilité de statues. Ils avaient l’impression que leurs pieds, fixés soudainement au sol, ne pouvaient plus se mouvoir.

Cependant la troupe escortant le pantalon gris-fer faisait halte à une centaine de mètres. Les porteurs de torches fichaient celles-ci à même le terrain ; d’autres dressaient des tentes.

Évidemment, les nomades allaient camper en cet endroit.

Une tente plus haute, surmontée d’un fanion vert, couleur du Prophète, dominait les autres. En face de celle-ci, la pique, supportant le vêtement si étrangement retrouvé, fut plantée en terre ; un guerrier, le sabre recourbé au poing, se mit en faction auprès du drapeau improvisé. Qu’est-ce que tout cela voulait dire ?

Tibérade, recouvrant la voix, murmura lentement :

Mlle Sika détenait le vêtement diplomatique. Comment ces hommes le possèdent-ils actuellement ?

— Quelle pensée est en vous, balbutia Uko, frissonnant à la conclusion née en son esprit par la réflexion du jeune homme. Je crois la deviner, et elle me bouleverse, bien que je n’ose m’y arrêter.

Un pâle sourire détendit les traits de Marcel.

— Elle devrait vous consoler, plutôt.

— Me consoler… ; alors votre idée est bien réellement…

— Que ces Arabes viennent de loin ; leurs torches le démontrent. S’ils avaient résidé près de l’incendie, ce luxe de luminaire eût été inutile.

— Sans doute ; mais qu’en concluez-vous ? Parlez, parlez, je n’ose m’abandonner à l’espoir.

— Eh ! s’exclama Midoulet, c’est clair, pourtant. Ils arrivent, rapportant le diable de pantalon d’un autre endroit que celui où Mlle Sika le détenait. Pour le leur remettre, ou pour qu’ils s’en emparent, il faut de toute nécessité que la jeune demoiselle se soit trouvée autre part que dans le palais incendié.