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— Vous ne pensez pas qu’elle oserait s’introduire dans votre chambre ?

— Si, précisément, je le pense. Oh ! vous ne connaissez pas cette gamine ! Rappelez-vous donc son coup d’audace à Port-Saïd. Et nous dormions tous, je jurerais qu’elle nous a versé un narcotique… À Marseille, je suis convaincu maintenant que cette enragée est l’auteur de cette inscription erronée au tableau des réveils, qui m’a fait manquer le paquebot.

— Midoulet !… murmura la petite Parisienne, en proie à une émotion profonde. Midoulet qui nous suit. Il est donc lié avec mistress Robinson. Et puis quel est ce Pierre qui l’accompagne ? Je veux les voir, car un ennemi connu devient moins dangereux.

Avec des précautions infinies elle s’aplatit contre le mur, et progressivement avança la tête.

L’ahurissement jeta son masque sur les traits de la mignonne.

Son regard se coulait dans la pièce. Elle apercevait les deux causeurs et ceux-ci n’étaient autres que mistress Robinson et Véronique, revêtues des costumes qu’elles portaient en se séparant de leurs compagnons de voyage.

Un instant, Emmie supposa qu’elle arrivait trop tard, que Midoulet et l’inconnu dénommé Pierre avaient quitté les deux femmes. Il ne lui vint pas de suite à l’idée que les deux apparences féminines, qu’elle avait sous les yeux, fussent les personnages masculins cherchés.

La révélation de la vérité lui parvint, foudroyante, par deux répliques échangées entre ceux dont elle avait surpris l’entretien.

— Ainsi, Pierre, c’est convenu ?

— Vous savez bien que j’obéirai, monsieur Midoulet.

— En ce cas, je m’en vais. Heureusement je sais où trouver des chevaux, et comment rattraper le temps perdu.

— Est-il indiscret de vous demander… ?

— Pas le moins du monde, brave Pierre. C’est le consul de mon pays qui sera mon fournisseur.

La porte du couloir claqua. Véronique restait seule.

Sur le balcon, Emmie demeurait littéralement mé-