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connurent sans discussion la justesse de la remarque.

Certainement, on dissimulerait, puisque l’évocation des Druses terrorisait les habitants de Beyrouth ; mais cela n’empêcha pas la nuit de sembler interminable.

Enfin, l’aube se montra. La ville était encore plongée dans la teinte rose pâle de l’aurore, quand Tibérade, suivi du général, reprit le chemin de la maison Karref.

Midoulet avait déclaré, ce qui avait valu les remerciements les plus chaleureux à la fausse mistress Robinson, qu’une Anglaise ne pouvant se désintéresser d’une lutte contre les hors la loi, les mauvais garçons qui avaient volé la chère petite chose, mistress Robinson et sa fille de chambre temporaire accompagneraient les voyageurs.

Pour ce faire, elles allaient se mettre en quête de chevaux de leur côté. En divisant les recherches, on avait plus de chances de réussir.

Bref, on se sépara. L’agent riait sous cape, tandis que les infortunés voyageurs qu’il avait trompés exaltaient le courage et la cordialité de l’héroïque lady, désireuse de concourir à la délivrance de Sika.

Emmie, se prétendant très lasse, avait obtenu de rester à l’hôtel.

Donc Tibérade et le Japonais partirent vers le logis du loueur Karref.

La seconde entrevue avec cet industriel fut beaucoup plus agréable que la première. Il est vrai que les « clients » ne se vantèrent pas de leur tapage nocturne, et que le marchand ne reconnut pas ceux qu’il avait si lestement congédiés. À la question posée par le général Uko :

— Vous avez des chevaux à louer ?

Il répondit, avec le sourire du maquignon qui flaire une bonne aubaine :

— Combien en faudrait-il ? Je puis en fournir un escadron, s’il est nécessaire.

— Un escadron, c’est beaucoup. Trois nous suffiraient.

— Parfait ! Permettez-moi seulement de vous faire subir le petit questionnaire usité dans ce pays agité.

— Faites ! Faites !