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terre, la défiance de la gamine méritait les plus grands éloges.

L’officier japonais, Marcel redisant sur le ton de la prière :

— Et tu l’as aidée, toi ?

— Mais non, mais non. L’idée me vient à présent. Je n’ai pensé qu’à une chose, moi, rentrer en possession du vêtement ; car il me semblait que M. Midoulet, étant soutenu par la police, nous jouerait quelque tour de sa façon.

— Très juste. Mais après ?

— Après, je ne sais plus. J’ai dû songer à ma sûreté, me recroqueviller dans une grosse caisse.

— Mais que penses-tu de la conduite de ton amie, de son incroyable dissimulation ?

Ce fut Uko qui répondit avec orgueil :

— Elle a voulu travailler au succès de ma mission.

Philosophiquement, la petite haussa les épaules, avec une ironie à laquelle personne ne prit garde.

— Vous le lui demanderez quand nous l’aurons sauvée… Moi, je ne sais pas.

Uko, Midoulet et Véronique lui tournant le dos avec humeur, elle se dressa sur la pointe des pieds, de façon que ses lèvres touchassent le pavillon auriculaire de son cousin et elle chuchota doucement :

— Je crois surtout que Sika a voulu éviter la restitution de l’objet en question, parce qu’elle aurait été le signal de la séparation du général, son père, et d’un certain cousin que j’aime de tout mon cœur.

Il voulut l’interroger. D’un bond elle se mit hors de portée, semblant s’amuser des grognements de mistress Robinson, furieuse d’avoir été bernée, et des cris d’allégresse du général qui répétait sans cesse :

— Digne Japonaise ! Sika a emporté le signe diplomatique, loin des entreprises du policier misérable qui souhaitait s’en emparer. Noble enfant ! Digne fille des Samouraï !!!

L’émotion de Tibérade passa inaperçue. Plus personne n’était en état d’observer. Au reste, tous furent secoués par la rentrée du palefrenier attendu.

Cet homme, amené au courage par l’appât de quelques pièces d’or, domina sa crainte des Druses et raconta ce qu’il savait de l’aventure, peu de chose en somme.