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— Oui, sur elle. Le mousse à Port-Saïd, c’était moi. La personne masquée dans l’automobile, c’était Sika.

Mlle Sika !

— Ma fille !

À ces cris du général et de Tibérade, répondit l’organe grinçant de mistress Robinson. Du voile protégeant le visage, sous les lunettes de l’Anglaise supposée, jaillit cette réflexion judicieuse :

— Alors, gentlemen, vous cherchiez un objet que vous aviez à portée de la main.

Dérivant ainsi la pensée des intéressés vers des questions se présentant tout naturellement à l’esprit :

— Pourquoi n’en aurait-elle rien dit ?

— Quels motifs ont dicté sa conduite ?

— Que craignait-elle donc ? qu’elle ait gardé le silence, même vis-à-vis de son père, alors qu’elle le voyait dévoré d’inquiétude ; alors qu’elle n’ignore pas l’importance du dépôt confié à son honneur.

Uko, Marcel s’agitaient tels des épileptiques, tendant les mains vers la fillette, implorant l’explication du geste, du regard, du frémissement de tout leur être ; leur volonté de comprendre exacerbée encore par les exclamations de la baroque mistress Robinson.

— Pauvre moi ! Voilà qui est sagement déduit  ! Une fille aimant son bon, son excellent père, ne lui inflige pas une torture morale sans des raisons exceptionnellement graves.

— Les connais-tu, Emmie ?

L’interrogation jaillit entre les dents serrées de Marcel. Son interlocutrice posa sur lui un regard pitoyable. Elle sembla se consulter une seconde. Un pli barra son front, puis s’effaça brusquement.

La petite avait pris une décision. Tout bas, elle avait prononcé pour elle-même :

— De la prudence. Aucun péril… politique n’apparaît. Cependant, je veux procéder comme si des espions nous entouraient. Dire, de la vérité, tout ce qui ne saurait nuire, mais cela seulement.

On voit qu’elle conservait son sang-froid, malgré le tragique de la situation.

Et l’on reconnaîtra qu’à ce moment précis, alors mie deux travestissements dissimulaient des espions des services des Renseignements de France et d’Angle-