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— Mistress Robinson a raison. Parlez, Emmie.

La soubrette inclina la tête d’un air approbateur, en servante bien dressée, qui ne saurait se permettre de joindre sa voix à celle de ses maîtres, mais qui apprécie à sa valeur les paroles prononcées.

En dépit de son émotion, la fillette se dérida un instant. Ses yeux vifs firent le tour de l’auditoire, et enfin elle murmura :

— Ceci n’est pas une préoccupation distincte, comme semble le croire la dame. S’entretenir du vêtement du Mikado est encore s’occuper de Mlle Sika.

Arrêtant le mouvement général, provoqué par cette déclaration inattendue, elle reprit, avec une nuance de mélancolie :

— Il court les mêmes dangers qu’elle-même.

Il y eut une ruée vers la jeune Parisienne.

— Les mêmes dangers ? répéta le Japonais.

— Les mêmes ? haleta la fausse mistress Robinson, tandis que Véronique ouvrait la bouche en accent circonflexe, mimant ainsi sa profonde stupéfaction.

Emmie inclina la tête pour affirmer.

Mais le geste ne pouvait suffire à la curiosité exaspérée de ses auditeurs. Son cousin lui saisit les poignets et plongeant son regard dans celui de la mignonne créature :

— Petite Souris, dit-il d’une voix faussée par l’angoisse, que veux-tu nous faire entendre par tes incompréhensibles paroles ?

Elle murmura :

— Que le mystérieux effet a été enlevé par les Druses, en même temps que Sika.

— Enlevé ? Comment cela peut-il ?

— Oh ! bien simplement. Sika le portait sur elle.

— Sur elle ?

Ce fut un quadruple rugissement qui s’échappa des lèvres des assistants. Oubliant son rôle, Pierre-Véronique avait uni sa voix stupéfaite à celle de ses compagnons.

Personne d’ailleurs ne songea à relever l’incorrection. Peut-être même, nul ne la remarqua en cette minute d’affolement.

Et l’organe voilé par un émoi douloureux, des larmes perlant au bord de ses cils abaissés, Emmie bredouilla, dans sa hâte d’éclairer ses amis :