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Véronique avaient compris de suite l’horreur de la nouvelle apportée par le général.

Oubliant de prendre le temps d’un adieu, ils s’élancèrent du cabinet directorial, sans que le manager songeât du reste à les retenir.

Ayant touché de quoi acheter deux grosses caisses au moins, master Palmiper jugeait inutile toute prolongation de l’entretien.

Tout en traversant les écuries, Tibérade interrogeait Uko.

— Qui vous a signalé les Druses ?

— Un palefrenier du cirque.

— Où est cet homme ?

— Écurie 3.

— Allons-y.

Un instant après, ils s’engouffraient dans l’écurie désignée ; mais là, ils subirent un premier retard. Celui qu’ils cherchaient était sorti afin d’acheter du tabac. Il fallait attendre son retour.

Midoulet jugea le moment propice pour se renseigner sur ce qui l’intéressait bien plus que le sort de Sika. Son déguisement lui permettait de parler sans danger d’éveiller les soupçons. Aussi, agrémentant sa diction de modulations britanniques, genre music-hall de Paris, il énonça :

— Oh ! vous êtes dans le chagrin. Laissez-moi vous faire la révélation. Le petit Véronique a dit que vous couriez après un inexpressible. Vous comprenez le chose du vêtement, que la bouche pioudique d’une lady d’Albion ne pouvait prononcer. Eh bien ! ce chose… ? Qu’est-il devenu dans la relation avec la grosse caisse ?

Tous avaient levé la tête. Véronique s’était dressée. Ses lèvres palpitèrent. On aurait cru qu’elle allait parler ; mais la soubrette demeura muette, un soupir s’échappa de sa bouche entr’ouverte, et dans ce soupir un murmure indistinct qui signifiait pour elle seule :

— Laissons courir. Je dois savoir cela aussi, puisque ma chère mistress Honeymoon n’est plus là pour contrecarrer cet insupportable agent.

Et les assistants, subitement rappelés à la raison qui les avait groupés depuis leur étrange voyage, s’écrièrent :