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Et Tibérade posa sur le bureau quatre cents francs en billets et monnaie.

Le geste illumina le faciès du manager. Il empocha les espèces, et, griffonnant un papier à en-tête du cirque :

— Je donne un reçu !

Puis, Marcel avant pris gravement la pièce annoncée, qu’il serra dans son portefeuille :

— Il ne me reste plus qu’à vous remercier, master, et à vous quitter sans espoir de retour.

— Non, ne remerciez pas ! Je suis satisfait aussi de ce dénouement.

Satisfaits l’un de l’autre, les interlocuteurs se serraient la main. Mais brusquement, la scène de vaudeville se transmua en drame. La porte s’ouvrit avec violence, livrant passage au général, pâle, haletant, les vêtements en désordre, qui clama d’une voix rauque, étranglée par une terrible émotion :

— Sika a disparu ! Sika a été enlevée !

— Enlevée ! rugit Tibérade, bondissant sur ses pieds comme projeté par une secousse électrique.

— Oui, hélas, enlevée, emportée !

— Par qui ? Comment ?

— Par les Druses ! acheva le malheureux père d’une voix lamentable.

Par les Druses ! Pour Uko seul, ces mots ne prenaient pas leur terrible signification.

Mais Midoulet de par sa fonction. Tibérade, Emmie, Pierre-Véronique, de par leur instruction, savaient la situation étrange du Liban, ainsi que de la vallée encaissée entre cette chaîne de montagnes et sa parallèle l’Anti-Liban.

Deux races y sont, non pas mêlées, mais juxtaposées : les Maronites, chrétiens d’Orient, commerçants, pacifiques et rangés ; les Druses, montagnards, pasteurs, chasseurs, guerriers et musulmans. Les premiers travaillent et amassent ; les seconds songent seulement à récolter, c’est-à-dire à s’emparer des économies des autres.

On juge de la terreur qu’inspirent les bourreaux aux victimes, les pillards aux pillés. On comprend la réussite de l’audacieux coup de main de Yousouf, se couvrant de la volonté des Druses.

Marcel, sa cousine, la pseudo-mistress Robinson et