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représentation. Elle promet d’être sensationnelle ; on annonce, en effet, des numéros tout à fait curieux.

— On le nomme bien le Cirque des Enfants ailés ? insista le général.

— Vous l’avez dit, seigneur, on le nomme ainsi, à cause précisément de l’un des numéros dont je parlais à l’instant.

Puis donnant carrière à la curiosité familière et bienveillante des hôteliers :

— Vous souhaitez sans doute assister au spectacle ?

Le groupe s’empressa de répliquer :

— Vous avez deviné.

— En ce cas, pressez-vous de dîner. C’est un bon conseil. Il y aura un monde fou. Les amateurs sont légion ; on est très friand de ce genre d’exhibition à Beyrouth.

— Hâtez-vous donc de faire servir. À propos, où s’est établie cette entreprise ?

— Oh ! à deux pas. Quand je dis deux pas, vous concevez, c’est une figure. En réalité, il faut faire des pas pendant dix minutes pour atteindre la place d’Aïa-Tarbouch, où les installations sont dressées.

— Et la place en question ?

— À la lisière de l’ancien et du nouveau Beyrouth. Il suffit de suivre l’avenue Ismaïl, à laquelle mon hôtel a emprunté son nom.

— Parfait. À quelle heure la représentation ?

— Les bureaux ouvrent à huit heures.

Quelques instants plus tard, les voyageurs prenaient place dans le « restaurant » de l’hôtel, et expédiaient un repas copieux, mais peu délicat. L’Orient, en dehors des pâtisseries, gelées et bonbons, ne connaît pas les recherches de la table. Par exception, mistress Robinson et Véronique avaient été conviées à s’asseoir à la même table que leurs compagnons de traversée.

Et, Sika s’amusait de voir en face d’elle, et sa femme de chambre, et celle qu’elle prenait pour une Anglaise excentrique et inconnue.

Tous mangèrent silencieusement.

Des préoccupations de même nature les éteignaient. Avec l’illogisme de tout être humain attendant l’explication d’un mystère, ils donnaient carrière à leur imagination pour se fournir des explica-