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péril, aller à l’encontre des desseins de Lydia, pour laquelle il eût volontiers donné sa vie, si cela eût pu servir à quelque chose.

Mais la sirène meuglait de plus belle. Au léger roulis, qui tout à l’heure balançait le navire, avait succédé un glissement doux sur des eaux étales.

Sans doute possible, on entrait dans le port, abrité contre les clapotis du large.

— Venez, ordonna Midoulet.

Et Pierre le suivit.

Tous deux remontèrent, gagnèrent le pont, puis la passerelle sur laquelle le capitaine se tenait, auprès du pilote venu à bord pour faire entrer le steamer dans le bassin.

La fausse mistress Robinson s’approcha de l’officier.

— Capitaine, dit-elle, votre escale à Beyrouth est très courte : deux heures à peine.

— Oui, nous nous arrêtons seulement pour le service des passagers.

— Je le sais. J’ai pensé que vous seriez très occupé durant cet arrêt.

— Très…

— Et j’ai agi en conséquence. Voici la clef de la cabine que j’occupais personnellement. J’y ai enfermé tous mes bagages, qui continueront jusqu’à Smyrne.

— Jusqu’à Smyrne, se récria le commandant, mais…

— Le prix de location n’est plus le même ; je vous remets le supplément. De plus, voici une lettre que vous ouvrirez en mer. J’y ai résumé comment s’opérera le débarquement des colis que je rattraperai à Smyrne.

— Parfait !

— Et enfin, voici la clef de ma cabine que je vous confie.

Le capitaine avait pris lettre et clef, sans manifester aucune surprise de converser avec une mistress Robinson, si différente de Lydia.

Véronique s’en étonna. Mais aussitôt elle se souvint. Le capitaine était absent lors de l’embarquement de la jeune femme. C’était le second, couché maintenant après sa nuit de quart, qui avait installé la charmante Anglaise.