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cédés familiers aux agents policiers de tous les pays.

Mais ni le général, ni Tibérade, encore moins la tendre Sika, n’appartenaient au monde défiant qu’une éducation spéciale prédispose à semblables idées.

L’Anglaise disait :

— J’ai l’espoir de vous revoir à terre, et de nouer des relations charmantes. En ce moment, je suis en attente du capitaine. Je lui veux donner quelques instructions, touchant certains de mes bagages qui continueront sur Smyrne. Je demande le pardon de quitter si vite. Croyez à mon regret le plus grand.

Puis, d’un geste digne, appelant Véronique, qui attendait à quelques pas, avec, sur le visage, une expression d’inexplicable contrariété :

— Suivez, ma fille, suivez. Le port n’est plus éloigné, et nos dispositions ultimes nous réclament.

Un salut raide à ses interlocuteurs et elle s’engouffra dans l’escalier des cabines, entraînant Véronique qui, de toute évidence, eût préféré demeurer sur le pont.

Les voyageurs, réjouis par la pensée d’atteindre bientôt le terme de la traversée, plaisantèrent la camériste tirée par sa faute à deux « patronnes ». Ainsi qu’il arrive souvent pour les railleurs, ils ne soupçonnèrent pas l’inopportunité de leur gaieté.

L’Anglaise cependant était parvenue devant l’enfilade de cabines retenues à son nom.

— Véronique, dit-elle, toutes les malles, dans le seul compartiment occupé par mistress Lydia.

Sans répliquer, la pseudo-fille de chambre s’empressa de débarrasser les cabines voisines de leurs encombrants bagages, et les traînant le long du couloir, elle les empila devant la porte de Lydia.

La mistress Robinson actuelle introduisit une clef dans la serrure, ouvrit. Pierre-Véronique se précipita, poussant la première malle ; mais sur le seuil, il s’arrêta, stupéfait.

Lydia avait disparu. La cabine était vide.

— Où est-elle ? s’exclama-t-il, comme malgré lui.

La question parut réjouir prodigieusement Midoulet. Sous le voile bleu de mistress Robinson grinça son rire bizarre, puis lentement :

— En sûreté, ne vous inquiétez pas. Mais, désireux de confier ses malles à la garde du capitaine, jusqu’à