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et d’un flacon de vin, de m’être enfermé à leur place.

— Oh ! murmura Pierre, abasourdi par cette affirmation. Alors, depuis le départ ?…

— Je suis là. Pas malheureux, en somme, car vos fonctions multiples vous retiennent beaucoup au dehors… Cela me permet de sortir de ma cachette, de me dérouiller les articulations et d’assister à vos entretiens avec mistress Honeymoon.

Il eut un ricanement qui fit tressaillir son interlocuteur et l’incita à dire :

— Elle va nous entendre, grâce au ciel.

Mais l’espoir formulé accrut encore l’hilarité railleuse de l’agent.

— Rassurez-vous, monsieur Pierre-Véronique… la jolie Anglaise ne percevrait pas le bruit du canon. Ceci me sert de transition pour vous apprendre ce que j’ai fait et ce que j’attends de vous.

— Oh ! si vous comptez sur moi pour vous aider…

— J’y compte !

— Vous pensez que les menaces vous ont réussi au Mirific-Hôtel, et vous espérez qu’elles auront conservé leurs propriétés…

— Non, monsieur Pierre. La situation a changé. Vous êtes protégé par l’Angleterre. Donc je ne m’illusionne pas ; je ne puis rien contre vous.

— En ce cas… rien ne m’empêche d’appeler, de faire arrêter l’homme qui s’est introduit en fraude dans ma cabine, un évadé des prisons égyptiennes.

Pour toute réponse, Midoulet se renversa sur la couchette de la cabine et se laissa aller à une franche hilarité.

Quand il eut donné libre cours à sa joie, inexplicable pour son compagnon, il reprit :

— Allons, allons, monsieur Pierre, vous êtes un enfant. Croire que moi, un vieux routier du service des Renseignements, je vous révélerais ma présence sans être certain que vous vous tairez, bien plus : que vous obéirez avec un dévouement sans bornes !

Pierre haussa violemment les épaules :

— Je suis curieux de voir cela.

— Soyez donc satisfait !