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— Décidément, jeune homme, vous êtes naïf. Je conçois que votre conversation plaise à la chère mistress Honeymoon. Les gentilles ladies sont attirées par la naïveté.

— Ceci n’est pas répondre.

— Petit curieux, fit ironiquement Célestin, vous voulez tout savoir. Eh bien ! j’y consens. Aussi bien, le récit sera-t-il un exorde convenable à notre entretien.

Et prenant un temps :

— Donc j’étais libre. J’allai rôder sans me montrer autour de l’amarrage du canot n° 2, certain que je vous retrouverais de ce côté. Mon pressentiment ne me trompait pas. Vous y vîntes. Au retour, vous me guidiez, sans vous en douter, vers l’hôtel qui abritait mistress Honeymoon, sur le point de se transformer en mistress Robinson.

Pierre esquissa un geste de désespoir. Célestin poursuivit d’un ton bienveillant :

— Ne vous désolez pas. Vous ne pouviez éviter la chose. À l’hôtel. Je pris une chambre voisine de celles que vous occupiez.

— Comme au Mirific, à Paris ?

— Dame ! Pour opérer une même surveillance, on emploie forcément les mêmes moyens. De mon logis, je ne perdis rien de ce qui se passait dans le vôtre, J’assistai à l’arrivée des malles achetées par la chère mistress. Très ingénieux, ces bagages ! La dame aux sept cabines ne pouvait arriver avec un sac à main. Je vous vis emplir les caisses de journaux.

— Vous m’avez vu ?

— Par un petit trou percé dans la cloison.

Du coup, Pierre se prit les cheveux à pleines mains ; mais son interlocuteur plaisanta avec un intérêt ironique :

— N’arrachez pas, jeune Pierre. La calvitie même n’empêcherait pas votre compagne d’être partie pour s’embarquer sur le Parthénon ; vous, d’être sorti afin d’aller chercher mes ex-compagnons de navigation sur le canot n° 2, et moi d’être entré dans votre chambre, et de jeter sous le lit tous les papiers remplissant une malle, et, nanti de quelques sandwiches