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agréable en leur annonçant qu’ils pourront exprimer leur gratitude à l’excellente personne qui leur a permis de ne pas séjourner à Port-Saïd. Attendez-moi ici.

Avec un geste bienveillant il se dirigea vers l’escalier des cabines où il disparut.

Véronique n’avait pas bougé. Marcel éloigné, elle murmura :

— Le diable me larde de sa fourche, ma destinée est saugrenue ! Je passe mon temps à trahir tout le monde. Si encore j’y trouvais plaisir ; mais cela me désole, et il m’est interdit d’agir autrement.

Que signifiaient ces paroles ? Ah ! elles résultaient d’un de ces coups de partie qui désarçonnent les plus robustes jouteurs.

La veille au soir, tandis que Marcel surprenait sur le pont l’entretien mystérieux du Druse Yousouf et du Persan Ahmed, Véronique, rendue à la liberté par la retraite hâtive des Japonais, était entrée durant quelques instants dans la cabine occupée par la gentille Lydia Honeymoon, figurant au registre des passagers sous le nom supposé de mistress Robinson…

Elle avait trouvé la petite Anglaise toute dolente, tout endormie.

La jeune femme avait écouté d’une oreille distraite le rapport détaillé des faits et gestes des Japonais, et elle avait mis fin à la conversation par ces mots :

— Monsieur Pierre, je demande votre pardon, mais ce soir le sommeil est complètement sur mes yeux. Je vous donne le bonsoir. Demain, nous atteindrons Beyrouth et nous conviendrons de nos mouvements.

La fausse soubrette avait pris la main de Lydia, l’avait portée à ses lèvres, avec une dévotion tendre ; après quoi, obéissant au désir implicitement enfermé dans les derniers mots de mistress Honeymoon, elle s’était retirée discrètement et s’était enfermée dans sa propre cabine, attenante à celle de la mignonne espionne britannique.

La porte dûment close d’un double tour de clef, la soubrette de fantaisie avait dépouillé sa perruque, ses vêtements féminins, s’était revêtue d’un pyjama, puis, ouvrant le hublot de la cabine, Pierre, devenu