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diriger sur Beyrouth, car c’est vers ce port, établi à la base du Liban sourcilleux…

— Elle a voulu donner une fois au moins la direction du voyage, plaisanta Sika dans un sourire.

Tibérade secoua la tête, et avec une nuance de reproche :

— Vous riez, mademoiselle ; moi, je reste inquiet. Quelque chose l’a contrainte à nous quitter.

— N’aurait-elle pas entraîné M. Midoulet sur une fausse piste ? murmura le général.

— Elle ? 

— Sans doute ! À peine avons-nous reçu son billet, que l’insupportable agent a disparu.

— C’est vrai, s’exclama Sika ; je n’y avais pas fait attention.

Tibérade secouait la tête d’un air dubitatif. Sika questionna avec un peu d’impatience. Évidemment, la blonde Japonaise souffrait de ne pouvoir diminuer l’anxiété de son compagnon de voyage.

— Vous n’acceptez pas cette explication ? Alors, que supposez-vous ?

— Je ne suppose rien… Est-ce que les circonstances permettent une supposition ?

— En ce cas, souhaitons la fin de la traversée. À Beyrouth, nous saurons…

— Nous saurons l’aventure de Mlle Emmie, s’écria le général dans une grimace ; mais cela ne nous renseignera pas sur la mystérieuse disparition du pantalon du mikado.

— Peut-être, souffla malicieusement Sika, ce qui fit sursauter Tibérade, ce qui incita Véronique à se départir de son attitude indifférente.

— Moi, je suis sûre, affirma-t-elle, que Mademoiselle a raison. Elle a bien voulu me raconter l’aventure. Sans aucun doute, le mousse et Mlle Emmie m’ont paru de suite deux alliés, peut-être même une seule personne en deux habits… Mlle Emmie a retiré le pantalon de la consigne pour l’arracher au vilain policier. Vous le retrouverez à Beyrouth avec elle.

Sika eut un imperceptible sourire, et, se tournant vers la fille de chambre, elle repartit, sa voix vibrant d’une ironie si légère que nul ne la remarqua :