Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pont, surveillés, sans qu’ils s’en doutassent, par la fausse Véronique, laquelle, sous couleur d’être aux ordres de ses maîtres réels, quand le service de sa maîtresse temporaire lui en laissait la possibilité, s’était accoudée au bastingage, assez loin pour n’être pas taxée d’indiscrétion, assez près pour ne pas perdre un mot de l’entretien.

Car tout s’était passé selon les prévisions de la jolie Lydia.

Celle-ci, la nouvelle toilette féminine de Pierre achevée, s’était transportée sur le Parthénon et dûment enfermée dans l’une des cabines louées par téléphone.

Pierre, en tenue de Véronique, avait couru au quai d’amarrage du canal n° 2, s’était fait reconnaître de Sika, du général, leur avait servi le récit fantaisiste imaginé par Lydia.

En psychologue distinguée, la jeune femme avait deviné que les Japonais et Tibérade, pressés de rejoindre Emmie à Beyrouth, accepteraient le passage sur le Parthénon pour ne pas attendre un départ plus éloigné.

À bord, les voyageurs avaient souhaité présenter leurs devoirs à la généreuse étrangère, qui leur permettait de ne pas séjourner longuement sur la terre égyptienne. Mais Véronique, déléguée à cet effet auprès de la pseudo-mistress Robinson, avait rapporté la réponse prévue :

— Mistress, très souffrante, regrette de ne pas voir ceux qu’elle a obligés avec grand plaisir. Elle se rend à Beyrouth elle-même ; aussi l’excusera-t-on de remettre la présentation après le débarquement. La mer ne lui réussit pas ; elle préfère les conversations sur la terre ferme.

Force fut au général et à ses compagnons de patienter. Après tout, la chose en elle-même n’avait aucune gravité.

Donc, ils causaient sur le pont, repris par leurs préoccupations accoutumées.

Pour la centième fois, depuis leur embarquement, Marcel murmura :

— Je me demande ce qui a pu décider Emmie à se