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nota sur une feuille de son carnet et s’occupa des emplettes annoncées.

Deux heures plus tard, dans un complet beige, un chapeau mou sur le crâne, les pieds chaussés de brodequins fauves, Pierre avait reconquis son apparence habituelle d’entité masculine.

Et mistress Honeymoon lui déclarait qu’il était un garçon very nice, et que sans peine il ferait oublier la camériste dont il avait tenu l’emploi.

Le programme tracé par la gentille Lydia fut suivi à la lettre. Promenades en voitures, chevauchées à dos de mules syriennes, élégantes et fines autant que les plus beaux chevaux arabes, se succédèrent.

Le jeune homme avait bien essayé de protester ; ses ressources limitées ne lui permettant pas de contribuer à de telles dépenses. Mais Lydia lui avait répondu d’un ton péremptoire :

— C’est le Foreign-Office qui solde ces frais de voyage. Je vous ai enrôlé au service de l’Angleterre ; il ferait beau voir qu’un agent britannique lésinât.

Et Pierre s’abandonnait à la joie de vivre dans l’ombre de la petite personne fantasque et gracieuse, qui s’était intitulée elle-même : espionne du Royaume-Uni de Grande-Bretagne.

Un facteur des Messageries Maritimes les avait prévenus de la visite d’un mousse à M. Dolgran, de la disparition du gamin et d’un pantalon extrait de l’une des valises placées sous séquestre.

Tous deux s’étaient aussitôt rendus à la tente. Ils avaient suivi Midoulet et ses compagnons, acquérant la certitude que ni l’agent français, ni le général n’avaient trempé dans l’enlèvement du vêtement.

Il leur fut impossible de deviner la part de Sika dans l’aventure. La lecture de la missive mystérieuse d’Emmie, dont, on s’en souvient, ils ne perdirent pas un mot les aiguilla sur une fausse piste.

— C’est cette petite qui a dérobé le vêtement, murmura Lydia.

— Je le pense comme vous, appuya Pierre.

— Alors, nous filons sur Beyrouth.

— Où vous le voudrez, pourvu que je ne vous quitte pas.