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affolés derechef par l’inconscience toute naturelle, cependant, du fonctionnaire ; vous êtes un imbécile !

— Messieurs, messieurs, bégaya d’une voix terrifiée Dolgran qu’ils secouaient furieusement, l’administration remboursera…

— Elle remboursera !

Ce mot malheureux redoubla la fureur des assistants, à la profonde stupéfaction du chef de service.

Uko piétinait, proférant d’une voix qui n’avait plus rien d’humain :

— Stupide ! Inepte ! Il croit que l’on peut rembourser. Je le tuerais, si je ne me tenais ; partons, partons ! Venez, monsieur Tibérade ; viens, Sika.

En monome, derrière le général, laissant le fonctionnaire abasourdi, tous reprirent le chemin du quai où leur canot était amarré.

— Et Emmie ? murmura Marcel, que la disparition de sa petite cousine tourmentait incomparablement plus que celle du pantalon gris fer.

— Je pense qu’elle nous attend à bord, répliqua Sika qui marchait auprès de lui.

Elle se sentait rassurée maintenant ; ne venait-elle pas d’acquérir la certitude que son amie conservait la liberté, et charitablement elle essayait d’apaiser l’émoi de son compagnon.

L’apaisement ne dura pas. Des transes nouvelles attendaient les voyageurs à l’amarrage du canot automobile.

En effet, au moment où elle allait sauter sur le pont avec la conviction de surprendre Emmie dans la cabine, un homme, portant la casquette des facteurs des Messageries Maritimes, l’aborda avec un salut obséquieux :

— Mademoiselle, je vois que vous allez monter dans ce canot ; seriez-vous mademoiselle Sika, passagère du dit ?

— Parfaitement, fit-elle, surprise quelque peu de la question.

— Alors cette lettre, ramassée près de l’embarcadère des paquebots, vous appartient. La suscription est à votre nom et au numéro de votre canot automobile.