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laisser passer, une équipe de facteurs qui, sous la conduite d’un personnage à l’allure théâtrale, transportaient sur le plan incliné d’embarquement d’un steamer amarré à quai, des caisses sur lesquelles s’étalait en grosses capitales noires l’indication :

CIRQUEW DESW ENFANTSW AILÉS
Sur Beyrouth.

Mais porteurs et emballages s’éloignèrent, et M. Dolgran reprit sa marche, suivi par les voyageurs.

Sika comprenait, elle. Le mousse, elle le savait, s’appelait Emmie. Elle aurait voulu interroger, apprendre si la courageuse fillette était libre, et elle ne l’osait pas, de peur de révéler sa complicité.

Ainsi l’on parvint à la consigne, où les valises furent présentées à leurs légitimes possesseurs.

— Dans quelle valise manque le vêtement ? questionna aussitôt Midoulet

— Dans celle-ci, répliqua le chef, désignant de l’index le sac de voyage de Tibérade.

Le geste fit sursauter le cousin de la jeune Emmie.

— Dans la mienne ! Et qu’a pu prendre le voleur ?

— Oh ! peu de chose. J’étais présent et je gênais le coquin.

— Mais encore ?

— Un simple pantalon qu’il lança par la croisée à une dame… Je dis une dame à cause du costume, car je n’ai pas vu son visage…

M. Dolgran ne continua pas.

— Un pantalon ! Les quatre syllabes furent criées par les assistants avec une force telle que le fonctionnaire fit un saut en arrière, épouvanté par cette explosion de rage.

Mais Midoulet, Uko, Tibérade firent un saut en avant, l’entourèrent et la voix rauque, les gestes frénétiques :

— Pantalon de tourisme ?

— Oui.

— Gris fer ?