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que nous la trouverons à la tente des Messageries, là où nos valises ont été déposées par le Shanghaï !

La supposition apparut à tous comme une lueur.

Mais certainement, Emmie, s’ennuyant à bord, avait dû partir en avant. Certaine qu’aussitôt éveillés ses compagnons accourraient à la consigne, elle flânait de ce côté, en les attendant

Poussés par cette conviction, les passagers du canot no 2 passèrent sur le quai, sans s’arrêter à l’effarement d’Orregui et du mousse, qui, libérés à leur tour de l’étreinte du soporifique, constataient, avec de grands gestes, que la fée Morgane avait, bien sûr, pris la barre pour amener le canot au port puisque eux-mêmes, endormis par les philtres de la mer, étaient devenus incapables de le diriger.

Dix minutes de marche conduisirent les voyageurs à l’entrée de la tente des Messageries Maritimes.

Mais ils eurent beau promener leurs regards dans toutes les directions. Emmie demeura invisible.

Du coup, l’anxiété de Sika s’aiguisa. La jeune fille en souffrit d’autant plus qu’elle ne pouvait la révéler à ses compagnons. L’absence de la petite Parisienne ne pouvait provenir que d’une mésaventure. De quel genre ? Et la blonde Japonaise frissonnait, à la pensée confuse que sa compagne avait joué sa liberté, et que peut-être, ayant perdu la partie, elle gémissait à présent dans une prison.

Il fallait s’informer, tenter les démarches nécessaires, travailler au salut de celle qui, si courageusement, avait cherché à lui être agréable. Une idée se précisa dans son esprit.

— S’il s’est produit un incident quelconque, le chef de service, à la fenêtre de qui j’ai vu Emmie, doit le savoir.

Et, affectant un ton dégagé :

— Puisque nous sommes ici, pourquoi ne pas nous occuper de nos valises ? Ce serait une besogne faite…

La motion, acceptée d’enthousiasme par le général et par Midoulet, bien que les motifs de leur acquiescement furent totalement opposés, chacun se mit en marche sans tergiverser davantage. Il convient de re-