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Nul ne la releva, d’ailleurs. Une question primait toutes les autres.

— En quel endroit se réveillaient les voyageurs ?

Pour y trouver une réponse, tous sortirent de la cabine avec une hâte curieuse.

Dehors, une nouvelle surprise les attendait.

Le mécanicien et le mousse, allongés au fond du bateau, dormaient, eux aussi, à poings fermés.

En face de ce tableau, les passagers s’entre-regardèrent, envahis par une vague inquiétude. Cette épidémie somnifère, les frappant tous au même instant, était bien pour les surprendre. Mais, quant à l’expliquer, c’était une autre affaire.

— Je me souviens, dit tout à coup le général. Nous prenions le thé.

— Parfaitement, le thé… appuya Midoulet.

— Le thé, oui, le thé, répétèrent Marcel et Sika.

Cette dernière, il faut l’avouer, s’amusait énormément de l’aventure.

On eût pensé que la « petite souris » lui avait infusé un peu de son âme de gavroche.

On prenait le thé… d’accord ! Mais ensuite, pourquoi ce sommeil général ?

— Où est donc Emmie ?

La question, formulée par Marcel, aiguilla ses compagnons sur une nouvelle recherche.

Sika avait tressailli. Une angoisse la prit brusquement. Une question troublante se dressa devant elle. Pourquoi sa jeune amie n’avait-elle pas encore rallié le bord ? Lui serait-il arrivé quelque malheur ? Étant donnée sa présence dans le bureau des Messageries, l’éventualité était à redouter. Tout à l’heure, Sika s’amusait de l’inquiétude de ses compagnons ; à son tour maintenant, elle subissait l’inquiétude d’autant plus pénible qu’elle ne la pouvait confier à personne.

— Bah ! déclara le général, Mlle Emmie se promène sans doute sur le port… Elle ne dormait certainement pas ; elle est toujours si éveillée, et notre société a dû lui paraître peu récréative.

— C’est égal, grommela Tibérade, je vais me mettre à sa recherche.

— Je vous accompagne et je parie, riposta Uko,