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tionnait à quelque distance. À l’apparition du gamin, une femme, méconnaissable sous d’énormes lunettes de tourisme, qui tenait le volant, mit le véhicule en marche et stoppa juste sous la fenêtre du bureau.

— Tout va bien ! se confia le mousse… Sika est à son poste.

À ce moment, le facteur reparaissait, chargé des valises réclamées.

— Posez-les devant la fenêtre, s’il vous plaît, susurra le jeune garçon, en qui l’on a dû reconnaître Emmie. J’y verrai plus clair pour en vérifier le contenu,

Il s’agenouillait en même temps devant les colis, tirait des clefs de sa poche et, tandis que M. Dolgran venait par devoir professionnel, se placer derrière lui, il ouvrait la première valise.

— C’est celle de la demoiselle, au moins, s’exclama le pseudo-gamin. Ça sent bon l’odeur là dedans !

Et, consultant gravement sa liste :

— Deux douzaines de mouchoirs de batiste… voilà ! Douze flacons de parfums !… Un… deux… trois… six… neuf… douze ! Le compte y est. Six paires de gants !… Un vaporisateur ! Quelle odeur ! Je ne sais pas pourquoi ma famille ne m’a pas embarqué dans la parfumerie… J’aurais aimé ça… Vous riez, monsieur le chef ; dame, tous les mousses ne sont pas friands de goudron.

Tout en bavardant sous le sourire amusé du chef, il avait retourné le contenu de la première valise.

— Et d’une, fit-il. À une autre !

La seconde ouverte, il s’exclama :

— Celle du jeune patron ! Par ici la liste. Nous disons : caleçons… flanelles… pantalons ! Combien de pantalons ? le chiffre est à demi effacé, je ne puis pas lire. Regardez donc, monsieur le chef ; vous qui avez l’habitude des chiffres…

M. Dolgran prit obligeamment la feuille et s’efforça de discerner le nombre qu’un pâté malencontreux avait voilé en partie.

Le petit, du reste, très aimablement, lui décochait, pour l’encourager, des phrases flatteuses :

— Monsieur, vous qui avez le grand courant des