Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Si, monsieur. On voit bien que vous êtes un grand chef. Vous devinez tout de suite.

Grand chef ! Le bureaucrate se rengorgea et il adoucit son organe pour répondre :

— Rien de ce qui concerne mon service ne m’est étranger. Pour ce qui concerne votre affaire, jeune homme, les valises en question ne sauraient être délivrées à leurs propriétaires, attendu qu’elles sont sous séquestre, par ordre de la police locale.

Le fonctionnaire, jugeant probablement que l’argument était sans réplique, désigna la porte au visiteur, et reprit sa plume avec l’intention évidente de se replonger dans sa rédaction interrompue.

Mais le mousse ne partageait évidemment pas sa manière de voir, car il reprit respectueusement :

— Un seul mot encore, monsieur… Je suis chargé d’une commission, et je pourrais peut-être m’en acquitter tout de même, si c’était un effet de votre bonté.

— Ah bah ! bredouilla M. Dolgran, stupéfié par l’insistance du gamin. Puis, prenant son parti : Enfin… que voulez-vous ? Et d’abord, qui vous envoie ?

— Mes patrons bien sûr, monsieur ! mes patrons : le général Uko, sa fille et leurs amis.

— Cabines 14, 16, 21 et 22, n’est-ce pas ?

— Ce sont les numéros qu’ils m’ont donnés, en effet, en me chargeant…

— Il n’y a donc pas erreur, c’est bien de leurs bagages, visés par la police, qu’il s’agit Eh bien ! je ne dois pas vous les remettre.

— Mais je ne vous demande pas cela, monsieur. Ils savent l’erreur policière et ils attendront l’enquête du consul, en bons citoyens qu’ils sont.

L’interlocuteur du gamin le considéra avec ahurissement. Il traduisit son étonnement par ces mots :

— Alors que demandez-vous ? Le diable me fauche, ai je conçois le sens de votre démarche.

— Mes patrons espèrent que vous me permettrez de m’assurer qu’aucun objet leur appartenant ne manque dans leurs valises.