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C’était donc au premier, dans une pièce dont la fenêtre ouverte au large donnait sur le quai, que M. Dolgran, chef du service, écrivait d’une belle anglaise, une lettre administrative.

Il leva la tête, interrompant son labeur calligraphique.

On venait de frapper à la porte, située au haut de l’escalier d’accès. Il fronça le sourcil, en homme qui maudit l’importun inconnu, puis avec une vigueur quinteuse.

— Entrez ! fit-il.

Il ajouta d’un ton dolent cette expression de son mécontentement :

— On ne peut pas travailler une minute en paix.

L’huis s’ouvrit. Dans l’encadrement béant parut un petit mousse, tout jeune, tout fluet mais doué d’une figure agréable, prodigieusement futée, par exemple.

Au même moment, un ronflement d’automobile retentit sur le quai pour cesser presque aussitôt. La coïncidence n’attira pas l’attention du fonctionnaire, entièrement captivée par l’aspect du visiteur.

M. Dolgran le toisa, se déclara être en présence d’un personnage de mince importance. Aussi prit-il l’accent impérieux dont les employés, supérieurs ou non, ont le secret :

— Vous désirez, mon garçon ?

Le gamin répliqua sans se troubler.

— Dites-moi, monsieur… À qui dois-je m’adresser ? Il s’agit de valises déposées en consigne.

— À moi-même.

Le mousse se frotta joyeusement les mains.

— En voilà une chance. Les valises en question ont été amenées de Marseille ici ; elles sont arrivées seules, les voyageurs ayant manqué le bateau à l’escale de Brindisi, ceux-ci ont câblé pour qu’elles fussent remises à la tente, à Port-Saïd, afin de les retrouver à l’arrivée.

M. Dolgran cligna les paupières d’un air malin.

— N’étaient-elles pas à bord du Shanghaï, à destination de l’Extrême-Orient ?