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Et, assurée que personne ne troublerait désormais ses opérations, elle rentra dans la cabine, dépouilla Uko et Tibérade des clefs de leurs valises, puis revint sur le pont.

— Soyez paisible, fit-elle en repassant auprès de Sika immobile an moteur, j’ai les clefs… Je vais endosser mon déguisement. Le bal masqué, ma jolie future cousine.

Sika était au courant du but de sa jeune amie, car elle accueillit l’annonce par un rire silencieux.

Cependant, la fillette gagnait l’arrière, tirait sans façon le mousse Batistillo sur le plancher du bateau, débarrassant ainsi le coffre qui contenait les vêtements de rechange des deux hommes d’équipage.

Elle l’ouvrit, y choisit une vareuse, un pantalon, un béret (tenue de parade du mousse), puis, chargée de ces trophées, elle regagna la cabine en courant et s’y enferma.

Le moteur ronflait toujours. Le cahot filait vers la terre qui peu à peu se précisait, sous la clarté d’or du soleil.

Soudain, Sika tressaillit. La porte de la cabine venait de se rouvrir, et sur le seuil paraissait un mousse coquet, à la frimousse éveillée, ayant l’allure, le geste de ces apprentis matelots, de ces « pages » de la marine, comme les a si justement appelés l’amiral Gervais, graine de héros qui renouvellent incessamment les fastes glorieux de la flotte.

— Emmie, vous êtes renversante, ne put s’empêcher de s’écrier Sika, stupéfiée par l’aisance de la petite Parisienne.

— Que votre admiration ne renverse pas la vapeur, plaisanta Emmie, c’est tout ce que je lui demande !

Vraiment, avec cette faculté d’assimilation innée chez l’enfant de Paris, la cousine de Marcel semblait trouver tout naturel de donner l’illusion d’un moussaillon.

Mais, s’approchent de la jeune fille, non sans avoir refermé soigneusement la cabine, elle lança cette réflexion gouailleuse :

— Évitons les courants d’air à nos petits amis qui dorment !