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Calabre, la comparaient aux plus illustres saintes du calendrier italien.

Et puis le soir tomba de nouveau. De nouveau le sommeil abaissa les paupières alourdies des passagers.

Cette fois, ceux-ci furent réveillés en sursaut par un cri de Batistillo :

— Terre ! Port-Saïd ! clamait le mousse.

Loin encore, dans la brume matinale, on devinait la côte basse d’Égypte.

— Dans combien de temps aborderons-nous ? questionna curieusement Emmie en se frottant les yeux.

— Deux heures, deux heures et demie environ.

— Votre moteur est garni suffisamment ?

— Oui… Il irait bien deux fois plus longtemps sans recharge.

— Bien, alors nous aurons le temps de déjeuner.

Elle rejoignit ses compagnons réunis dans la cabine-salon édifiée au centre du canot.

— Orregui m’a dit que nous n’atterrirons pas avant deux heures… Je propose de déjeuner. Sitôt arrivés, nous n’aurons qu’à nous diriger vers la tente des Messageries Maritimes.

— Excellente idée, approuva aussitôt l’agent du service des renseignements.

Mais le général hocha la tête d’un air pensif, un peu mélancolique même :

— Voilà qui prouve combien Mlle Emmie a hâte de se séparer de nous.

— Non pas de vous, général, plaisanta la fillette, mais d’un vêtement qui ne m’inspire aucune sympathie.

Déjà elle s’était portée à l’arrière, où un réchaud à l’alcool soutenait la théière métallique, dans laquelle s’élaborait la mixture parfumée.

Du thé, du lait stérilisé, des rôties, devaient constituer le déjeuner. En dix minutes, Emmie, aidée de Sika, avait servi tout le monde, jusques et y compris le mécanicien Orregui et le mousse Batistillo.

La petite cuisinière fut félicitée. Chacun déclara le thé excellent, les toasts succulents. La modestie probablement coupait l’appétit à la fillette, car elle se