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— Que Mademoiselle veuille bien fixer le moment. Elle est trop bonne pour que l’on ne fasse pas tout afin de lui être agréable.

— Mais votre repos ?…

— Dans le métier, reprit Pierre, répétant une phrase qu’il avait entendu lancer par une de ses collègues, on dort peu, ou pas du tout. Donc, que Mademoiselle n’hésite pas.

— Vous êtes tout à fait aimable… Je vous attendrai à dix heures.

— À dix heures, je me présenterai chez Mademoiselle.

Sika eut un gentil signe de tête et s’empressa de rejoindre son père, qui l’attendait à la porte de l’appartement qu’elle occupait avec lui.

Quelques minutes se passèrent, puis l’ascenseur déposa de nouveau un voyageur au second.

Celui-ci, grand, sec, le visage embroussaillé d’une superbe barbe blonde, gagna d’un pas pressé l’une des chambres du couloir, tandis que Pierre inscrivait sur sa liste des « sorties » :

— Numéro 106. M. Midoulet.

Si tracassé que l’on soit, les minutes défilent incessamment ; Pierre en fit l’expérience.

Sa garde s’écoula. À six heures, il fut relevé de sa surveillance et put se retirer dans la chambrette affectée à son logement.

Seulement, il n’y trouva pas le sommeil.

Les événements de la nuit, le souvenir du rendez-vous fixé par la blonde Sika lui tinrent les yeux ouverts.

À neuf heures, il sauta à bas de son lit, s’habilla, disposa sa perruque châtain avec un soin méticuleux, en « contumax » qui comprend que sa liberté dépend de la perfection de son déguisement. À dix heures moins cinq, il quittait sa chambre sous les espèces de Véronique Hardy et, par un escalier de service, gagnait le deuxième étage.

À dix heures exactement, l’exactitude étant à la fois la politesse des rois et celle des serviteurs, il heurtait légèrement à la porte du 103, occupé par Melle Sika.